jeudi 31 décembre 2009

29/12: entre déception et émotion

9h : briefing quotidien. Dernières nouvelles de la coordination des multiples délégations, compte-rendu des négociations et de l’état des relations avec les autorités, présentation des actions et des points de rendez-vous du jour, débat et nouvelles propositions …
12h30 : Chaque délégation a demandé une entrevue avec son ambassadeur respectif. Dans ce cadre, 6 belges, dont Nadia, Eric et Sylvie, ont eu l’extrême chance d’être reçus très chaleureusement à l’ambassade de Belgique au Caire. L’ambassadeur, qui était présent, ne s’est pas déplacé pour les recevoir, mais leur a délicatement envoyé Mme la Consule Romein. Notre chère Consule a reçu les 6 représentants de la délégation belge dans une salle d’attente, ne comportant que 3 sièges. Apparemment stressée, inexpérimentée, peu habituée à ce genre de travail, elle a eu la gentillesse de les recevoir debout. « Que voulez-vous ? ». Concernant la position de la Belgique face à la situation, Mme la Consule a fait référence au communiqué égyptien diffusé le 20 décembre et au site du Ministère des Affaires Etrangères belge qui conseille de ne pas se rendre dans la région de la bande de Gaza et qu’il aurait fallu, comme annoncé, annuler notre voyage. La question suivante fut alors posée : « si un des passeports belges était arbitrairement confisqué, pourrions-nous compter sur l’aide de l’Ambassade ? ». A cela, la réponse fut claire : « Nous verrions au cas par cas ». En faisant référence à la position plus courageuse de l’ambassade de France, la Consule a eu la présence d’esprit de nous répondre : « Les belges sont les belges et les français sont les français ». No comment.

14h : En touristes, par petits groupes, un rassemblement collectif international, tenu pas vraiment secret, s’est organisé devant le syndicat des journalistes. En soutien à la quinzaine de grévistes de la faim, dont la doyenne américaine, de 82 ans, Hedy Epstein, rescapée de l’Holocauste, nous avons occupé les marches de l’immeuble, pendant quatre heures. D’un côté, nous, les manifestants, armés de slogans et de chants. En face, les amiraux, de beaux moustachus bedonnants, armés de thé et de casquette dorée, n’ont fait que regarder… et aussi ordonner, aux autres, de travailler pour la sécurité. Les policiers se sont donc déployés, les barrières ont été dressées, les CRS casqués mis sur les côtés, et puis… d’autres renforts sont encore arrivés. Face à nous, les premières lignes étaient composées de très jeunes égyptiens, des appelés au service de la patrie, payés pour répondre aux ordres, mais plutôt souriants, reprenant même quelques slogans…
18 h : Même lieu, présence à la manifestation des juristes égyptiens, beaucoup plus encerclée. Un soutien qui a divisé. Les slogans en arabe traitaient de Gaza, mais s’opposaient également au régime en place. Puisque l’objectif de l’ABP, en tant que délégation belge à la Gaza Freedom March, n’était pas cette dénonciation-là, elle ne s’est pas attardée. Courage héroïque de ces manifestants, face à une police et à un régime infiniment moins clément à leur égard.

21h : Réunion au QG pour rendre compte des tractations de la journée et de la poursuite des activités… Afin de conserver l’unité du mouvement, nous vous passons les diverses dissensions entre les délégations… Une coordination de 42 pays, composée de diverses associations, dont les objectifs se dispersent malheureusement. Suite à l’impossibilité de parvenir à l’objectif premier de marcher, nous sommes confrontés à « l’impérialisme associatif », aux cavaliers seuls, aux « pousses-toi que j’y sois » et aux tristes coups bas … Quoiqu’il en soit, notre objectif n’est pas de pointer ce genre de différends, malheureusement présents, mais bien de dénoncer le siège illégal de Gaza, le non respect du droit international par l’occupant israélien, le manque de courage politique de nos dirigeants, … Les 1400 militants ont fait le déplacement pour la paix, pour un peuple, contre un siège, une armée assassine.

Mise au point sur l’état d’esprit égyptien.
Si l’Egypte refuse de laisser passer la marche, c’est parce que Mubarak a besoin d’assurer et de maintenir la souveraineté nationale. Revanche sur les événements passés, où un pan de mur détruit a permis à quelques palestiniens de se faufiler sur le territoire égyptien. Cet événement fut l’occasion d’accuser le président de ne pas être maître de la souveraineté.
D’autre part, une peur existe aussi que le Hamas s’empare de la marche et renforce, par là, l’ampleur des Frères Musulmans, de plus en plus présents en Egypte.

D’autres explications nous ont été données quant au refus égyptien de laisser passer la marche : le fait que le convoi Galloway (parallèle à la marche, mais indépendant de celle-ci) passe par la Syrie et rencontre le Hamas, a été considéré par notre pays hôte, comme un acte hostile. Enfin, les autorités égyptiennes semblent ne pas comprendre quels sont les interlocuteurs et activistes avec lesquels elles négocient, ou alors seraient-elles occupées de le feindre puisque des réunions, en amont, ont bien eu lieu, avec les représentants des délégations ?

N’oublions pas aussi les pressions que doit subir l’Egypte de la part d’Israël, des Etats-Unis, la construction du mur d’acier à la frontière égyptienne, …

D'autre part, nous ressentons aussi qu'il existe une solidarité du peuple égyptien avec le sort des Palestiniens ...
: Toit terrasse, cold beers, chicha etcetera …











Texte: Marieaude

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