vendredi 22 janvier 2010

Lettre des marcheurs au président Obama

Bonjour,

Ci-dessous la traduction de la lettre à Obama, écrite par la délégation sud-africaine de la Gaza Freedom March, et que le comité directeur propose de faire parvenir aux ambassades américaines dans les pays respectifs.

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Monsieur le Président Barack H. Obama,

Nous, citoyens de 43 pays, nous nous sommes rassemblés au Caire en décembre 2009, dans l'intention de nous rendre dans la bande de Gaza occupée, afin de témoigner notre solidarité avec les Palestiniens qui, voici un an, ont subi une agression massive et inhumaine de la part des Israéliens. Nous voulions leur montrer que nous, citoyens du monde, nous n'oublions pas ce que nos gouvernements voudraient justement nous voir oublier : que des êtres humains vivent dans la bande de Gaza. Des hommes, des femmes et des enfants - des mères, des pères, des frères et des sours, des maris et des femmes, des grands-mères et des grands-pères : des gens comme vous et moi.

Nous, citoyens en provenance de pays démocratiques de six continents et qui avons été empêchés manu militari par le régime fantoche égyptien de faire route vers la bande de Gaza, nous voulons vous dire que nous nous souvenons de l'horreur qui s'est déchaînée sur la bande de Gaza voici un an. Cette semaine, il y a tout juste un an que l'allié des États-Unis, Israël, a mis un terme à son agression mortelle contre la bande de Gaza : un an depuis que les bombes au phosphore, les bombes DIME et autres armes de mort et de destruction ont délibérément pris pour cible la population civile sans défense de Gaza.

Dans votre discours tellement cité du Caire, vous avez dit :

« Israël doit également respecter ses obligations et faire en sorte que les Palestiniens puissent vivre, travailler et développer leur société. Et, du fait précisément qu'elle anéantit des familles palestiniennes, la crise humanitaire permanente qui sévit à Gaza ne sert pas du tout la sécurité d'Israël, pas plus que ne la sert le manque de possibilités en Cisjordanie. Les avancées dans l'existence au quotidien du peuple palestinien doivent faire partie d'une voie vers la paix et Israël doit prendre des mesures concrètes afin de rendre possible un tel processus. »

Pourtant, depuis lors, les Palestiniens n'ont vu que plus de mort, plus de destruction encore. Vos belles paroles du Caire n'ont même pas permis aux Palestiniens d'obtenir du ciment pour reconstruire leurs maisons, leurs mosquées et leurs écoles.

Le siège de Gaza occupée est un châtiment collectif infligé à toute la population et ce, en violation de la 4e Convention de Genève. En tant qu'avocat, vous devez savoir que cette Convention est contraignante pour tous ses signataires, y compris les États-Unis, dont il est demandé qu'ils la fassent observer. Pourtant, ces quelques dernières semaines, l'infamie du siège israélien s'est encore aggravée par la construction d'un nouveau mur qui, inévitablement, va encore durcir le siège de Gaza et la crise humanitaire que ce siège a toujours été censé provoquer. Ce nouveau mur est construit par le gouvernement égyptien avec l'assistance technique du Corps du Génie de l'armée américaine. Le mois dernier, les États-Unis ont approuvé une aide militaire étrangère à l'Égypte de 1,04 milliard de USD, aide dans laquelle était compris des « programmes et activités de sécurité frontalière dans le Sinaï ».

Monsieur le Président,

Le châtiment collectif de Gaza occupée, au nom de la « sécurité frontalière » - en violation directe de la 4e Convention de Genève - est une politique de votre gouvernement.

Vous devez également être conscient que, lors de la guerre israélienne d'agression contre la bande de Gaza occupée, bien des civils ont été massacrés par les bombardements aveugles d'Israël. Ces actes ont été condamnés comme crimes de guerre et crimes contre l'humanité par les experts des Nations unies - y compris le très respecté juge sud-africain Richard Goldstone - et par d'éminentes organisations des droits de l'homme. Et pourtant, vous, qui êtes avocat, ignorez cette preuve incontournable et continuez à soutenir l'État d'Israël et son apartheid. L'agression de décembre 2008 - janvier 2009 a tué 1.440 Palestiniens, en majorité des civils, parmi lesquels 431 enfants. 5.380 Palestiniens ont également été blessés. Ce ne sont pas des faits que nous oublierons, pas plus que nous n'avons oublié Deir Yassin, Sabra et Chatila, Jénine, Naplouse, Beit Hanoun et plus de 60 années de génocide israélien contre le peuple palestinien.

Dans votre discours du Caire, vous reconnaissez aux Palestiniens le droit à la résistance non violente. Vous leur avez même conseillé de poursuivre cette voie, à l'instar des Afro-Américains, des Indiens et des Sud-Africains :

« Pendant des siècles, les noirs d'Amérique, en tant qu'esclaves, ont souffert des coups de fouet et de l'humiliation de la ségrégation. Mais ce ne fut pas la violence qui conquit la pleine égalité des droits. Ce fut une insistance pacifique et déterminée vers ces idéaux qui étaient au cour de la création de l'Amérique. La même histoire peut être contée par d'autres peuples, de l'Afrique du Sud à l'Asie du Sud, de l'Europe de l'Est à l'Indonésie. »

Et c'est précisément ce que nous voulions faire dans la bande de Gaza, Monsieur le Président : Nous voulions marcher ensemble, en compagnie des gens de Gaza, pour bien marquer notre horreur du châtiment collectif qui leur est infligé. Nous voulions réclamer la fin du siège hermétique qui leur est imposé depuis les élections démocratiques de 2006. Et, oui, nous étions également des citoyens de l'Asie du Sud, de l'Europe de l'Est et de l'Afrique du Sud, tous réunis au Caire, de sorte que nous connaissons aussi bien l'humiliation de la ségrégation que le pouvoir de l'action collective. Et nous avons l'intention d'utiliser ce pouvoir afin de soutenir nos frères et sours palestiniens dans leur combat de reconquête de la patrie qu'on leur a volée.

Nous, les signataires de la présente, vous demandons instamment de mettre un terme à ce siège, Monsieur le Président. Il s'agit d'une responsabilité éthique et morale que vous ne pouvez éluder. Nous, les 1.400 militants internationaux de 43 pays, avions l'intention d'être à Gaza le 31 décembre afin de marcher avec les Palestiniens de Gaza et de demander qu'Israël lève immédiatement et définitivement son blocus de la bande de Gaza. Nous n'avons pu le faire parce que le gouvernement de l'Égypte, un allié des États-Unis, nous a refusé l'autorisation de nous rendre dans la bande de Gaza et qu'il a en même temps entamé la construction d'un nouveau mur censé durcir encore le siège. Nous nous sommes vu refuser le droit de montrer aux Palestiniens que nous soutenions leur droit à leur patrie, comme le lui garantit la législation internationale. Nous nous sommes vu refuser le droit de montrer aux Palestiniens que nous nous souvenions de leur douleur et de leurs souffrances.

Nous nous sommes vu refuser le droit de montrer à Israël et aux États-Unis que nous ne voulions par voir l'effet que cela a sur les Palestiniens et demeurer silencieux en même temps. Mais nous avons refusé qu'on nous prive du droit de marcher en solidarité avec les opprimés, même de loin : et nous avons marché. Nous avons choisi de marcher et de protester au Caire même, en solidarité avec les gens de Gaza.

Vous, Président Barack Obama, avez choisi de marcher avec l'oppresseur. Vous avez choisi d'ignorer la douleur et la dépossession du peuple palestinien. À l'instar de vos prédécesseurs, de Reagan, de Thatcher, qui avaient déclaré en 1987 que Nelson Mandela ne serait jamais président d'une Afrique du Sud démocratique, vous aussi, vous avez choisi d'ignorer la volonté du peuple.

Vous vous tenez du mauvais côté de l'histoire, Président Obama, parce que nous, citoyens du monde, n'accepterons pas une Palestine occupée.

Vous vous tenez du mauvais côté de l'histoire, Président Obama, parce que notre action collective, en même temps que l'action des Palestiniens à l'intérieur et à l'extérieur de la Palestine, et de millions de gens qui reconnaissent leur juste cause, ferons en sorte, de notre vivant, que la Palestine soit libre. De cela, nous sommes certains.

Signé.

mercredi 13 janvier 2010

Complexité de la question palestinienne

Bienvenue à la complexité de la question palestinienne
Lettre de Nahla Chahal aux marcheurs de la Gaza Freedom March
samedi 2 janvier 2010



Cette lettre de Nahla Chahal, coordinatrice des “missions civiles”-CCIPPP aux marcheurs de la Gaza Freedom March (voir) a été publiée ce vendredi 1er janvier 2010 sur http://www.protection-palestine.org


Cher-è-s marcheurs,

Pleins de confiance, imposée par l’évidence de la justesse de ce que vous entreprenez, vous, les 1400 marcheurs, vous vous êtes préparés pendant des mois pour aller à la rencontre des Gazaouis en ce premier anniversaire de l’agression israélienne.

Derrière chacun-e de vous, se tiennent des dizaines de personnes et et amis, qui savent, approuvent, soutiennent et attendent le retour. Et derrière vous, des centaines de militants de différentes associations autour du monde ont travaillé jour et nuit à la préparation de la marche. Certaines de ces associations n’avaient jamais travaillé ensemble, mais ont appris à discuter, négocier, se coordonner, trouver des points d’entente, et surtout à réfléchir aux besoins de cette marche pour la liberté de Gaza, et à y tenir fermement : il faut que ça réussisse, c’est ce que nous pouvons apporter aux Palestiniens, c’est de cette façon que nous maintiendrons l’espoir et que nous avancerons dans la construction de la solidarité internationale. Tous sont des bénévoles, et tous ne sont sûrement pas au même point de connaissance des réalités politiques et du terrain.

En arrivant en Égypte, vous avez reçu votre baptême du feu. Vous pensiez que les négociations entreprises entre les organisateurs et les autorités égyptiennes signifiaient quelque chose. Plus ces négociations avançaient, allant aux détails de vos numéros de passeports et de vols, plus cela vous laissait croire que la marche se concrétisait et que vous pourriez être à Gaza avec la fin de l’année. Il a même été négocié les jours et heures de passage de chaque groupe, étalés sur les 27, 28 et 29 décembre. Tout a été transmis au ministère des affaires étrangères égyptien, en toute transparence. L’objectif n’étant que de passer via l’Égypte.

Or, entre-temps, le pouvoir égyptien s’est trouvé face à des exigences qu’il espérait sûrement pouvoir esquiver à cette date précise !

L’administration américaine a laissé filtrer sa solution pour le « conflit du Moyen-Orient », dite de « la Confédération sacrée », qui exclut l’Égypte de ses plans et la prive de la manne qu’elle est supposée générer. Car cette « Confédération sacrée » serait une entité qui engloberait Israël, la Jordanie et l’État palestinien, avec Jérusalem pratiquement internationalisée. Est-ce ce plan qui a inspiré l’initiative suédoise reprise par l’UE qui parle d’un État palestinien dans les frontières de 1967. Est-ce ce plan qui inspire le premier ministre palestinien, Salam Fayyad qui parle d’un « État palestinien dans deux ans », et qui s’affaire à lui créer ses institutions dès à présent ? Est-ce la bonne solution pour la Jordanie qui est effrayée de se voir désignée comme étant la « Patrie alternative » (idée israélienne souvent évoquée) : 30% des palestiniens du monde entier y vivent, formant la moitié au moins de sa population. Il y aura beaucoup d’argent pour faire vivre cette confédération, et elle sera suffisamment entourée des soins étasuniens pour la protéger des problèmes laissés pour compte, notamment ceux liés aux confiscations de terres, aux réfugiés, à la normalisation promise à Israël dans l’ensemble du monde arabe...et à la négligence totale de toute notion de droit !

Quoique ses chances d`aboutir soient très peu probables, cette proposition rythmera les négociations et les conférences des prochaines années. Mais elle marginalise l‘Egypte, tant sur le plan politique que financier. Celle-ci en veut au président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, de concocter des propositions de solutions dans son dos, et de ne pas lui montrer les égards nécessaires. Elle en veut autant - sinon plus - au Hamas d‘avoir été intransigeant tout au long des négociations pour l’échange des prisonniers, que conduisait l’Égypte seule au départ, et d’avoir invité par la suite un intermédiaire allemand pour garantir leur efficacité. L’Egypte lui en veut aussi parce qu’il n’a pas voulu signer l’accord de « réconciliation nationale » avec le Fatah, qu’elle a préparé après beaucoup d’efforts. Tant d’occasions manquées pour souligner et assoir la centralité de l’Égypte (même si les détenteurs du pouvoir ne font aucune différence entre le pays et leur propre personnes, qu’il s’agisse de ces dossiers ou de tout). C’en était trop !

Il fallait donc prouver la capacité de l’Égypte à être incontournable. Voilà que la mise en œuvre du « mur renversé », imaginé par un ingénieur américain fou, devenait une nécessité. Ça tombait durant l’anniversaire de l’agression sur Gaza ? Tant pis ! ! Les travaux ont commencé et une unité spéciale de la CIA les observe nuit et jour. Le plan est diabolique, avec ses barres en acier qui crèvent le sol, s’enfonçant à 30 mètres de profondeur, ses canaux remplis par l’eau pompée à la mer. Plus ses détails sont révélés et plus les autorités égyptiennes s’installent dans la logique de la provocation : c’est, disent-elles, une affaire de souveraineté ! Il était assez délicat de laisser passer 1400 marcheurs à côté du chantier tandis que des accrochages entre Palestiniens et policiers égyptiens ont éclaté. Alors les responsables égyptiens disent non à la Marche, comme au convoi « Viva Palestina » qui négocie depuis des mois, après avoir réussi deux passages durant l’année. Nous protestons ? Ils mentent, prétendant que nous sommes désordonnés, et risquons de provoquer des troubles, que nous sommes tendancieux et avons insulté la grande Égypte, et patati et patata.

S’ajoute à cette première raison une deuxième encore moins glorieuse : les autorités israéliennes ne voient pas d’un bon œil ces « terro-touristes », comme Israël a pris l’habitude de les appeler. Encore d’un moins bon œil qu’ils viennent précisément à cette date briser le siège de Gaza, et ajouter leurs voix aux condamnations d’Israël qui fusent de toute part. Celui-ci ne laisse pas passer vers Gaza des diplomates européens, alors pourquoi attendrait-il de son allié moins que l’interdiction de la marche ? Cela a été demandé, et entendu.

Netanyahou veut (il a déclaré que la visite se faisait à sa demande) visiter le Caire aujourd’hui ? C’est embarrassant à cause de ce fichu anniversaire, mais on est entre adultes et on ne va pas être si susceptibles !
En aparté, des responsables égyptiens parlent justement de ces énormes pressions dont le pays - en fait le pouvoir - est l’objet. Mais, messieurs, ce pouvoir a tout fait pour se libérer de l’autre pression qui aurait pu équilibrer celle-là : la pression du peuple, et celle des mouvements politiques. Vivent au Caire 17 millions d’habitants, dont 11 millions dans les bidonvilles, sorte de favelas sans aucune infrastructure qui encerclent la capitale, et dans lesquels sévit une misère totale (le mot est faible). Ce sont des populations en trop, auxquelles les autorités ne pensent même plus, occupées qu’elles sont à « construire l’essor de l’Égypte ». Cet essor-là est visible : des blocs de « compound » (villes nouvelles isolées par des murs de protection et des gardiens armés) qui essaiment, occupés par les grandes multinationales multiples et prospères, les grandes universités et écoles privées, les supermarchés et magasins de luxe... et les résidences des nouveaux riches, ministres compris. Le pouvoir a aussi mis en place des forces spéciales de sécurité : un million quatre cent mille policiers des sinistrement réputées unités de la « Sûreté centrale » ! !

Essentiellement massés dans la ville du Caire, entrainés aux actions anti-émeute, et franchement sans limites dans la violence (N.B. aux marcheurs : ce ne sont pas eux que vous avez vus devant vos hôtels, qui vous ont poursuivis ou molestés dans les rues). Aucune manifestation n’est autorisée, aucun parti politique, de gauche, libéral ou islamiste, n’est légalisé (à part ceux qui prêtent allégeance au régime), les élections sont manipulées et les éminents membres du « club des juges » (une sorte de syndicat autonome) ont à maintes reprises condamné les résultats truqués. Le Caire, magnifique, avec ses milles minarets, ses vieux quartiers fatimides, ses immeubles Renaissance italienne, est négligé et se délabre de jour en jour. Les services publics de l’éducation, de la santé, du transport, de l’habitat... sont délibérément détruits : il ne reste plus rien du projet de réalisation de soi, entrepris par Nasser, (avec tous les défauts qui l’ont accompagné). Les prisons sont remplies, pas seulement de militants politiques confirmés, mais aussi de paysans qui protestent contre l’annulation de la réforme agraire, d’ouvriers de la grande Mahalla qui protestent contre les plans de privatisation, d’étudiants un brin libres dans leur façon de penser etc, etc... Ce sont des régimes dépourvus de toute légitimité, quelle qu’elle soit, qui s’installent « hors sol ». La formule réussie pour maintenir le pouvoir est celle de joindre les deux extrêmes : extrême pauvreté et extrême violence. Et de compter sur le soutien international, i.e. celui des États-Unis ! Ces régimes ont construit un système global de gestion de la société, reposant sur une répression très complexe et ultrasophistiquée. Pour le pérenniser, et aussi pour s’assurer que les secrets seront bien gardés, le président actuel de l’Egypte voudrait voir son fils lui succéder. Ça ne marche pas très facilement et ça crée des tensions. Alors on se crispe encore plus ! !

Chers marcheurs,

Durant votre séjour forcé au Caire, sans vous en rendre compte, et surtout sans le vouloir, vous avez agité l’eau de ce marécage. Les autorités égyptiennes étaient très ennuyées par votre présence, ne sachant comment s’y prendre, cumulant promesses, gaffes, et propositions tordues. Mais vous aurez apporté un sourire de satisfaction au cœur des gens « ordinaires » de l’Égypte, ceux qui vous ont croisés ou ceux qui ont entendu parler de vous sur les radios et les télévisions mondiales (car il y a eu des reportages et tout les Égyptiens savent qu’il s’est passé quelque chose ces jours-ci au Caire). Vous n’avez pas pu réaliser votre objectif, mais vous avez essayé avec détermination, et cela tout le monde l’a su : à Gaza, dans le reste de la Palestine, et partout dans le monde. Ce que vous avez fait est un début à l’élargissement de l’action internationale de solidarité. C’était indispensable, la lutte du peuple palestinien n’est pas entravée uniquement par l’action négatrice et brutale d’Israël, mais aussi par les complicités et l’aveuglement d’autres. Vous venez là d’expérimenter un de leurs multiples épisodes.

Bonne année 2010, nous continuons !

31-12-2009
Nahla Chahal, coordinatrice de la CCIPPP

8 janvier: Ma'asara demonstration - Westbank

AATWhttp://www.awalls.org/state_opression_and_army_violence_intensify_as_popular_struggle_increases_all_across_the_west_bank

Meanwhile, in spite of threats made by the army recently to break the resistance in the village as of 2010, and in spite of the repression of last week's demonstration, about
one hundred Palestinians, Israelis and internationals gathered after the Friday noon prayer for the weekly demonstration against the fence and the settlements in Ma'asara. Amongst these was a massive group of internationals who have just gotten to Palestine from Egypt, where as part of the Gaza Freedom March they tried to break the siege and ran into Egyptian police in a row of Cairo demonstrations.


The procession crossed the village to the sound of Samba drums, only to find the regular bunch of soldiers and boarder policemen waiting on the road towards the agricultural lands, shutting off the road with razor wire. Speeches were carried in Arabic, English, French and Hebrew, stressing the non-violent, popular and joint nature of the struggle. Everything around was peaceful.
 
 


 
After an hour the demonstration ended and the marchers turned around towards the village when suddenly two stones were thrown at the soldiers. A member in the popular committee says this was likely the act of army sent provocateurs that infiltrated the demonstration. This was used as an excuse for the soldiers to cross their fence and attack the demonstration. Activists tried to deescalate the situation, promising the soldiers that if they don't proceed and allow the demonstration to end – no harm will come to them.. Demonstrators then marched back towards the village, leaving the soldiers to themselves. However, this was not enough for the military commander, who then ordered the soldiers to proceed into the village itself, claiming the army has a right to be wherever it wants to. The soldiers charged at the demonstrators again, beating some of them and trying to arrest some.
 
Once already at the village the soldiers called their jeeps, and stormed into the main street with loaded guns, throwing stun grenades all over the place and into people's yards. Only after realizing that they failed to arouse the required response (more stone throwing) did the soldiers leave.









This is the second week that soldiers storm into the village, proving that they intend to make good their threats. The struggle, however, continues, and the popular committee in Ma'asara needs your help as well.
 
Once already at the village the soldiers called their jeeps, and stormed into the main street with loaded guns, throwing stun grenades all over the place and into people's yards. Only after realizing that they failed to arouse the required response (more stone throwing) did the soldiers leave.



 

dimanche 10 janvier 2010

Après dix jours dans le capharnaum du Caire, nous entamons notre marche.

Après dix jours dans le capharnaum du Caire, nous entamons notre marche.
Nous quittons Le Caire dans la nuit du 4 au 5 janvier en direction de Dahab. Un bus de nuit qui doit en 6h nous emmener dans cette station balnéaire réputée pour son coté "neo-bobo-hyppie" amateur de plongée... Nous y sommes arrivés à 8h du matin, frais comme des gens ayant passé la nuit dans un bus. Nos regards se croisent, des sourires: Dahab, non merci, c'est pas pour nous! Par contre, allons plutôit dans un village de Bedouins. Au nord, en direction de Tabah, il y a un village cotier de Bedouins dont Sebastien nous avait parlé... Pour atteindre Ras Abu Galum, situé dans une zone protégée (parc national) nous avons marché plus de 7 km sur les sentiers escarpés en bord de mer. Arrivés à la tombée de la nuit dans un village abandonné...







Je ne vous raconte pas la suite, ce sera pour plus tard mais nous y avons passé 2 journées en excellente compagnie dans un cadre somptueux.

Nous continuons de marcher en direction de la Cisjordanie

Beaucoup d'internationaux ont quitté Le Caire entre le 3 et 5 janvier, direction l'Europe, les Etats Unis, l'Afrique,...
Quelques uns ont au contraire décidé de rester plus longtemps, pensant qu'ils devaient continuer à marcher...

C'est ce que nous avons fait.

Après moulte tentatives, nous avons perdu tout espoir d'aller à Gaza mais nous avons gardé espoir de continuer à marcher pour la Palestine. Nous avons donc décidé de nous rendre en Cisjordanie pour y militer, observer et ramener un maximum de témoignages.

Nous sommes 6: Elodie, Thandiwé, Raphael, Abdelslam, Nordine et moi.  3 Français de Tours et 3 Bruxellois. Un groupe qui s'était solidarisé et cimenté durant la semaine de manifestations continues au Caire. 

Nous avons donc décidé de quitter Le Caire pour Dahab, sud Egypte, en bordure du golf et du Sinaï. Notre plan : atteindre Dahab, rejoindre ensuite Tahab, poste frontière entre l'Egypte et Israel. Du coté egyptien, Tahab, du coté israélien, Eilat. Une fois passé, monter en Cisjordanie (Hebron, Nablus,...).

Je vous raconterai plus en détails, les étapes de notre périple. La bonhumeur et l'entente incroyable qui règne dans notre groupe.

vendredi 8 janvier 2010

Déclaration du Caire

Voici la déclaration du Caire, qui a été présenté au meeting de clôture de Gaza Freedom March, en français :

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=7913

Je n'ai pas été à Gaza, mais.... by Jean-Pierre GRIEZ

Je n'ai pas été à Gaza mais j'ai vu un drapeau....

Je n’ai pas été à Gaza mais j’ai vu un drapeau palestinien sur la grande pyramide et

j’ai vu le V de la victoire brandi par un Egyptien à la fenêtre du 7ième étage d’un building abritant l’ambassade israélienne au 19ième et

j’ai vu ce même homme saluer les manifestants les internationalistes, nous moi criant leur solidarité avec le peuple de Gaza et

j’ai vu parmi tous ces gens un juif antisioniste se faire photographier avec un jeune français arabe ou arabe français et

j’ai entendu les chants en yddish de juifs pour Gaza et le syndicaliste sud-africain lancer un appel au boycott d’Israël, l’apartheid new look et j’ai vu ces policiers nous entourer et la peur et l’étonnement et parfois la sympathie dans leur regard,

j’ai vu leur peau foncée à ces gamins de 20 ans venus tout droit de la campagne pour brûler trois ans de leur jeunesse à opprimer les leurs, j’ai senti notre force, la peur était chez eux autant que chez nous, chez nous c’était la colère et la détermination et la solidarité toujours la solidarité, j’étais fier de réussir à tenir deux heures face au drapeau israélien hissé au sommet d’une forteresse réputée
imprenable, un peu gêné aussi, ces photos tous ces autoportraits comme autant de trophées d’actes héroïques et la manif s’est arrêtée et j’ai marché sur le pont du Nil et

j’ai vu des policiers nous barrer le passage et j’ai couru, on a couru entre les voitures, Le Caire cet enfer de milliers de voitures se serrant se doublant se frôlant s’insultant s’asphyxiant, ces voitures serrées pour nous protéger d’une pitoyable police, ces voitures assassines pourchassant les piétons et cette collision, de la tôle froissée rien que de la tôle et une police semée désarçonnée et la force de militants aguerris, ces autres, venus de je ne sais où que j’ai suivis ce jour-là et toujours ce sentiment immodeste et pourtant bien là d’être dans l’Histoire avec un grand H, hache qui tue à Gaza au Congo en Afghanistan en Irak à Bruxelles National et

j’ai vu aussi des Egyptiens sous la hache, cet enfant qui mendie dans une rue de terre et ce touriste, moi qui regarde droit devant pour ne pas le voir et cette jeune fille voilée qui veut photographier les militants to Gaza sur une place bondée du vieux Caire, une autre action un autre soir et la police qui l’écarte et l’intimide et la fille qui résiste trois secondes, pas plus de trois secondes qui donnent chaud au cœur et cette action-là, nous tous avec une bougie à la main surgis par surprise des terrasses de café et ce silence qui parle dans nos bougies, juste
une bougie et nos Free Gaza et nos keffieh et un début d’applaudissement parmi les passants comme un murmure, insupportable pour le cordon de flics et des flics désemparés qui nous isolent avec les barrières touristiques de la place et un autre flic, le- chef- qui- a- toujours- raison qui fait enlever ces barrières-là et un vieux qui passe dans l’espace interdit, un vieux qui résiste qui crie des insanités à la police, un vieux qui fait chaud au cœur et puis la dislocation calme et belle et le retour vers le métro à 5 ou à 10 dans une rue commerçante, les odeurs les gens qui crient les tapis les klaxons les slaloms fous entre les voitures les enseignes
surchargées les maïs grillés les lampes néon éblouissante les appels à la prière les gens et les gens et les gens, filles voilées filles tchador, les trottoirs cabossés les immondices, et les policiers à nos trousse where are you going ? et le métro enfin le métro et les billets qu’on avait pris d’avance et nos fins limiers bloqués par la foule au guichet, toujours la foule, la foule qui nous protège qui nous rassure et les gens : To Gaza ? et les sourires complices et les clins d’œil et la fierté, il faudrait nous ériger une statue nous les internationaux et la tristesse
aussi, des juristes égyptiens ont été arrêtés et aussi des journalistes, ce n’est pas une rumeur, ces gens nous ont aidés, ils ont mené leurs propres actions aussi, ils prennent des risques quoi ? moi à Mons et eux en prison ? qu’est-ce qu’on va faire pour eux ? ces gens nous ont aidés pour avoir des bus, les bus pour aller à Gaza, le gouvernement a interdit d’aller à Gaza il a interdit de louer des bus il a interdit de se rassembler à plus de 6 personnes il a interdit de se rassembler à l’université ou n’importe où ailleurs, il a interdit l’action sur le Nil et celle sur le pont, alors les juristes qui n’aiment pas les interdits ont appelé leurs amis patrons de société de bus qui n’aiment pas les interdits et deux bus sont venus à l’hôtel que l’on a l’appelé bordel palace mais ce n’était qu’une rumeur, peut-être à cause de la danseuse du ventre et à cause des taximan, j’ai vu l’hôtel il y a un portail détecteur de choses interdites et trois policiers en uniforme à l’entrée et parfois cinq et puis les autres sans uniforme on n’arrive pas à les compter et puis le personnel soupçonné d’être des indics et parfois vers la fin du séjour un disque dur d’un militant qui disparaît et qui réapparaît comme par enchantement, après avoir été copié ? et donc à l’hôtel deux bus arrivent et l’on doit récupérer son passeport pour partir à Gaza car on est les marcheurs de Gaza et la récupération des passeports ça dure un bail car le réceptionniste est un indic ou tout simplement il n’arrive pas à lire nos noms, nos caractères vous savez bien c’est pas les mêmes que là-bas et des gens se fâchent, ils veulent leur passeport avant les autres, bref on récupère les passeports c’est déjà une victoire et alors on veut monter dans le bus mais les policiers invectivent le chauffeur car il bloque la circulation et puis on marche cent mètres et on monte et on attend dans le bus une heure ou plus je ne
sais pas et aussi dans le deuxième bus et des policiers parlent avec le chauffeur, avec les responsables de la marche et ça ne marche pas et alors on s’énerve et on entendait des rumeurs j’y reviendrai, il y a toujours des rumeurs et puis on part l’après-midi et on roule sur des routes surchargées, Le Caire est une ville gigantesque, on se retrouve dans des embouteillages, je vois un panneau Islamyia 85 km, on voit du sable de la poussière, on quitte la ville, on fait connaissance, les gens du groupe se connaissent peu c’est pour moi le premier
jour du séjour et donc on va à Gaza avec nos sacs et tout et nos espoirs et nos peurs et

j’ai vu ces gens dans le bus qui parlent de la Palestine, de France et de leur solidarité et puis le temps passe et le temps est beau, 25 degrés, à part la poussière et le CO2 qui cachent le soleil et puis c’est le check point, non on n’est pas en Israël mais entre le Caire et Raffah, la frontière avec Gaza et on doit rester dans le car et puis on doit récolter les noms et aussi les nationalités et
puis on sort au bord du désert et il fait noir maintenant et le temps passe et les filles peuvent aller à la toilette, escortées par des policiers débonnaires, débonnaires mais pas trop, le convoi est refoulé et on rentre sagement dans le car on a oublié de s’asseoir par terre comme on avait dit et le car fait demi-tour et les autres cars, trois autres cars, jamais vus auraient aussi été refoulés, pas grave on fera une conférence de presse au Caire pour dénoncer tout ça mais au
Caire, le lieu de rassemblement pour ce plan B, la conférence de presse semble encerclée par la police, donc retour à l’hôtel, dans l’hôtel on compare les photos et on envoie des infos, on remplit des blogs, on se réunit, on prépare l’action des lendemains et ce lendemain-là on prend le métro, pas la bon wagon : il n’y a que des femmes, sourires embarrassés compatissants ironiques, après on voit le sigle sur le wagon : deux pour les femmes et tous les autres mixtes mais le métro est déjà loin et on va par petits groupes jusqu’au syndicat des journalistes, un bâtiment imposant et des marches imposantes, pour peu on se croirait à la bourse à Bruxelles et déjà des manifestants venus appuyer la grève de la faim entamée par une survivante des camps nazis, une femme juive si frêle si forte qui a fui le ghetto et qui est
toujours là dans les actions les plus fermes et avec elle des autres grévistes de la faim et tous ces gens sur les marches venus de 43 pays avec des panneaux, la rage la colère l’espoir et là sur les marches on marche sur place : we go to Gaza mais en bas des marches devant la marche, il y a la police qui arrive nombreuse impressionnante au début et on reste là deux heures je ne sais plus, une force une solidarité et après on mange au bout d’une impasse mais l’impasse est belle à prendre des photos et après on retourne sur les marches, les juristes égyptiens organisent une protestation car le premier ministre israélien était au Caire ce jour-là pour négocier avec Moubarak alors le soir les internationaux sont moins nombreux et les Egyptiens sont plus nombreux et un juriste prend la parole et parle du nouveau mur, le mur égyptien qui doit fermer les tunnels entre Gaza et l’Egypte, un bouclage complet, plus de tunnel plus d’approvisionnement, un mur souterrain de trente mètres qui sera construit en quelques semaines en ce début 2010 et puis on part la rage au ventre,

les Egyptiens dénoncent le rôle de leur gouvernement, on est venu pour Gaza, pas pour s’immiscer dit-on, dans leur affaires intérieures mais à l’intérieur du Caire, à l’intérieur des quartiers j’ai déambulé, touriste perdu et j’ai vu la misère, un peu de misère, la vraie misère est cachée, les gens qui dorment dans les cimetières, plus de place dans le monde des vivants,

ces morts-vivants là je les ai pas vus mais j’ai vu les maisons déglinguées et les boui-bouis minables et l’ennui et les ambulances bloquées dans les embouteillages et j’ai senti l’asphyxie et

j’ai vu dans ma tête les années de vie en moins des Cairotes, la pollution l’air les fruits et les légumes exposés au CO2 et j’ai revu les visages TV bouffis de ministres après Copenhague et j’ai imaginé un Copenhague sur Nil et j’ai vu les internationaux qui respiraient la pollution dans leur campement à même le trottoir devant l’ambassade de France, 5 jours et 5 nuits pas toute une vie mais 5 jours c’est beaucoup je les remercie, beaucoup de jeunes, je les ai vus enthousiastes chantant criant jouant encadrés par des doubles cordons de policiers toujours les policiers je les ai entendus raconter l’action les files d’attente pour la toilette, le bouclage complet lors des premiers jours l’approvisionnement par-dessus les cordons de flics de militants déterminés, même un évêque parisien sous la tente, ils attendent les bus pour Gaza, ils espèrent le soutien de l’ambassade mais les bus sont interdits et l’ambassade se tait en français et dans toutes les langues, une action longuement applaudie lors de la soirée finale en fin de semaine , action parfois contestée pourquoi ? par qui ?

j’ai pas tout compris mais moi je les ai vus pas, le leur ai parlé, pas des têtes brûlées rien que des gens déterminés attendant les bus, revendiquant les bus, des bus sont partis à Gaza avec 80 internationaux ce n’est plus une rumeur, l’ambassade américaine serait intervenue ? pourquoi eux et pas nous ?

pourquoi eux et pas tous ? ce serait une manip du gouvernement égyptien avec l’aval du big boss US ? ils sont partis je ne les ai pas vus je ne suis pas un stratège, je ne jette pas la pierre, je ne fais pas l’Intifada contre des amis mais j’ai voté, il y avait des places pour des Belges,


j’ai voté contre, tu as voté pour, je ne sais plus, j’ai entendu des exclusives,

j’ai vu les ravages du sectarisme, pas du tout l’apanage de la seule extrême-gauche,

j’ai vu la division comme une menace, 1300 internationaux se pensaient à Gaza mais 1300 internationaux étaient coincés dans des hôtels disséminés, tous plus fliqués les uns que les autres, séparés par des kilomètres d’embouteillages, de langues, de religions, d’habitudes de lutte, de motivations et

j’ai vu une manifestante blessée ou encore plus choquée que blessée, après la charge de flics plus sympa du tout devant le musée archéologique du Caire, je les ai vus charger et

je nous ai vus nous asseoir au milieu de la rue, ce qui a décuplé leur rage,

j’ai vu des policiers encore plus hargneux avec les manifestantes arabes, une femme n’a pas à se trouver dans la rue n’est-ce pas ? surtout si elle est arabe et je les ai vus nous enfermer dans un réduit très vite baptisé le Free Gaza Square avec un arbre au fond, un arbre magnifique pour accrocher les banderoles et là j’ai revu la femme choquée ou blessée couchée dans un coin, réconfortée par une grappe d’activistes et

j’ai vu un étudiant égyptien enfermé avec nous, nous suppliant d’excuser cette Egypte qui n’était pas la sienne et dans l’autre coin tout près du cordon de
casqués

j’ai revu la survivante des camps nazis et aussi des vétérans du Vietnam du Golfe n°1
du Golfe n°2 j’ai chanté au rythme d’un accordéon et d’autres ont dansé il y avait un beau soleil et derrière les cordons on pouvait voir parfois les signes d’approbation et d’encouragement des passagers d’un bus ou d’un camion et puis l’eau est arrivée , des morceaux de gâteau et des quartiers de mandarines si petits si grands passaient de main en main, les bouteilles vides sont devenues des latrines à l’abri d’une banderole et les heures ont passé chaudes et douces et

j’ai su la caméra fracassée d’un jeune de notre groupe qui avait eu le tort de filmer les violences et c’est là que j’ai appris la mort d’une internationale logée à notre hôtel, venue avec son mari pour Gaza, un cœur faible, malade, hospitalisée la veille, une militante inconnue active depuis toujours pour la Palestine et c’est là que j’ai vu la détermination et la solidarité en marche, des jeunes des cités, des vétérans, des étudiants, des militants associatifs, des syndicalistes, oui le visage bonhomme mais ferme de ce syndicaliste écossais et sa façon directe de s’adresser à la foule, à nous , à moi et enfin la dislocation décidée ensemble et l’engagement de recommencer dès demain et on a recommencé et puis collectes de journaux les photos à la une les images des télés arabes égyptiennes les correspondances par téléphone avec bruxelles ou brussel et si peu de choses que l’on sait de GAZA là-bas si près, pas plus de 400 kilomètres, des rumeurs, une manif de Gazaouis peu suivie après le blocage des internationaux en Egypte, une marche courageuse du côté israélien de la frontière et toutes ces nouvelles qui nous arrivent , Dexia qui désinvestit dans les colonies de peuplement, des ouvriers égyptiens en grève de solidarité avec Gaza, ceux-là mêmes qui construisent le mur entre l’Egypte et Gaza , des actions en Belgique en France je sais plus où, le convoi humanitaire Viva Palestina venu d’Angleterre bloqué par l’Egypte et refoulé vers la Syrie,

j’ai vu des gens qui ont essayé de rallier Gaza par leurs propres moyens, un Palestinien qui n’a jamais vu son pays, un autre qui a laissé tous ses amis là-bas, toujours refoulés,

j’ai vu plein de gens sur une place au cœur d’un rond point au centre ville le soir du 1 janvier, pas question de partir sans se revoir une dernière fois, j’ai vu la dame en rose du comité organisateur s’excuser pour les erreurs faites et j’ai entendu des Indiens, Philippins, Espagnols, Italiens, Sud-Africains, j’ai vu des adresses s’échanger et dans l’avion au retour

j’ai vu à mes côtés un jeune garçon mi-libanais mi-belge me parler de la guerre de 2006 dans son pays, l’évacuation en catastrophe vers la Belgique, son dégoût des guerres et de toute politique et

j’ai pensé à la semaine qui se terminait , longue comme une phrase sans point ni
respiration, un rêve de fin de voyage, les opprimés en marche, et je lui ai dit je n’ai pas été à Gaza mais

j’ai vu un drapeau sur une pyramide

lundi 4 janvier 2010

Lundi 4 décembre: des juristes égyptiens déposent plainte auprès du Gouvernement Egyptien

Au jourd'hui, des juristes égyptiens déposaient un eplainte à la Cour de justice égyptienne contre le Gouvernement Egyptien. L'objet de la plainte: l'emprisonnement de manifestants égyptiens ayant participés à la Gaza Freedom Marche et la construction du mur entre l'Egypte et la bande de Gaza. 
Les internationaux de la Gaza Freedom March encore présents au Caire ont rejoint la manifestation des juristes égyptiens devant le Cour de Justice du Caire afin de témoigner de leur solidarité et soutien mais aussi pour souligner leur courage. En effet les égyptiens participant à ce genre de manifestation courrent un risque élevé d'emprisonnement.





Dimanche 3 janvier: visionnage du film GAZA ON AIR

A doc film by Samir Abdallah - 90mn

"27 December 2008, Israel launches a war against Gaza that it declares "terrorist entity" as a whole.
The so minuscule Palestinian territory, with 1,5 million inhabitants for 360km square (the strngest density of the globe) is under blockade since the arrival of Hamas to the power, boycotted by the international community.
No foreign media is allowed to enter in the Gaza strip.
The images of this movie were shot by a Palestinian team grouping in the independant information agency "Media Group". During the 22 days of this war that Israel named "cast lead", these journalist and cameramen strive to show to the world the war as the Palestinians have lived it.
Locked in Gaza, they sent the images by air... We 'll see some of these pictures. We 'll be speacking with those who took these scenes, even of the scenes they didn't film."

You can have this film "Gaza on air" by asking Samir by mail : frontieres@hotmail.com

Samir Abdallah have done some films. You will seen one of his films on january 13th on France 3 called "GAZA STROPHE"

dimanche 3 janvier 2010

Koel onthaal van vredesmilitanten op Belgische ambassade in Egypte

by Ludo De Brabander, 29 december 2009
http://blog.vrede.be/?p=401

De 60 Belgische deelnemers aan de Gaza Freedom March zitten geblokkeerd in de Egyptische hoofdstad Cairo omdat bussen geen toestemming krijgen de stad te verlaten en richting Gaza te vertrekken. Tevens worden alle pogingen van de deelnemers om richting Gaza te vertrekken of om hun ongenoegen te uiten verhinderd door een indrukwekkende politiemacht.
Actie voor het opheffen van de blokkade tegen Gaza te Cairo (foto vrij over te nemen mits, LDB)

Franse deelnemers kregen de garantie dat de ambassade zou tussenkomen om hun veiligheid te beschermen in geval van problemen met de Egyptische autoriteiten. De Belgische deelnemers wilden een gelijkaardig standpunt van de Belgische ambassade. Na een telefonische afspraak kregen zes deelnemers de toelating voor een onderhoud op. Tot hun verbazing werden ze door consul Romein zeer koel en afstandelijk onthaald. Rechtstaand in de wachtzaal kregen ze te horen dat het reisadvies van Buitenlandse Zaken naar Gaza negatief is, en dat ze beter dat advies hadden opgevolgd en hun reis geannuleerd. Tevens wilde de consul geen enkele garantie geven dat de Belgische ambassade tussen zou komen in geval van moeilijkheden met de Egyptische overheid. Wel zouden ze mogen bellen in geval van problemen.
Ontgoocheld diende de delegatie de ambassade te verlaten. Zelf het feit dat Gaza Freedom March geen enkele politieke bedoelingen heeft tegen de Egyptische autoriteiten, maar enkel uit is op ondersteuning en indien nodig bijstand om zich over het grondgebied naar een buurland te begeven, maakte geen enkele indruk.
Inmiddels beraden de meer dan duizend vredesmilitanten zich over de verdere aanpak. Gisteren namen ze deel aan twee acties in Cairo. Een ondersteuning van een twintigtal hongerstakers - onder wie Hedy Epstein, een overlevende van de Holocaust - die op deze wijze een vrije doorgang voor de mars in Gaza willen afdwingen. Een andere actie was deelname aan een manifestatie van de Bond van Egyptische advocaten tegen het bezoek van Netanyahu die gisteren in Cairo was in het kader van een gevangenruil.

De deelname van de vredesmilitanten aan de grote protestbetoging van de Palestijnse bevolking op 31 december dreigt zo in het water te vallen… tenzij er vandaag nog een beslissing kan afgedwongen worden. Daarom roepen de deelnemers hun ministers van Buitenlandse Zaken en hun ambassades in Egypte op om hun invloed aan te wenden zodat de vredesmilitanten alsnog toestemming krijgen zich naar Gaza te vertrekken. Gisteren waren er acties bij verschillende ambassades om deze vraag kracht bij te zetten.

samedi 2 janvier 2010

Samedi 2 janvier, 10h, avenue des Pyramides : dernier débriefing

Evaluation, photos, échanges de mails …

Les points négatifs relevés (ceci pour mieux rebondir par la suite) sont tout d'abord le peu de connaissance du terrain égyptien. Nous avons aussi mal évalué, avant le départ, l'ensemble des risques qui auraient pu entraver le bon déroulement de la "Gaza Freedom March". Il manquait un accord négocié de manière commune par l'ensemble des délégations, au préalable, en termes d'alternatives et de principes. Nous étions tous persuadés de pouvoir, au minimum, nous rendre à la frontière. Le fait de rester coincer au Caire ne faisait pas partie des prévisions envisagées. Ensuite, la communication entre les délégations et la coordination des actions alternatives n'ont pas été très faciles à mettre en place. Enfin, nous n'étions pas préparés à nous faufiler à travers les mailles du réseau égyptien d'indicateurs, de policiers, des services de la sûreté de l'état, ...

Mais les points positifs l'emportent : la couverture médiatique a bien eu lieu, notamment en Egypte, au sein des médias arabes et, d'après ce que nous en savons d'ici, les événements ont également été relatés en Occident. L’objectif de sensibiliser l’opinion publique à l'illégalité du siège et du blocus de Gaza a pu ainsi être atteint.
Nous retiendrons finalement qu'une brèche s'est créée, qu'un mouvement international est lancé et que le réseau se constitue... Des actions communes, à venir, sont déjà en discussion.

Nous n'oublierons pas les rencontres et les échanges chaleureux que nous avons faits, qui ne peuvent que nous motiver et nous permettre d'espérer ...

FREE GAZA,
VIVA PALESTINA

Vendredi 1er janvier, 18h : Séance de clôture au Taquiu Square

En plein centre du Caire, un dernier grand rassemblement entre tous les participants s’organise : témoignages, au-revoir, perspectives d’avenir …

et contre espionnage !

Vendredi 1er janvier : Manifestation massive devant l’ambassade d’Israël

Ayant soutenu la délégation ECCP devant le bâtiment de l’Union Européenne, nous avons manqué la manifestation devant l’ambassade d’Israël qui a réuni une bonne centaine de manifestants pendant 2 heures.

Vendredi 1er janvier 2010 : Délégation ECCP reçue auprès d’une représentante de l’Union Européenne.

Une délégation de l'ECCP (European Coordination of Committees and Associations for Palestine) est reçue par une représentante de l’Union Européenne, la déléguée aux Affaires Sociales, de permanence le 1er de l’an.

Nos représentants lui demandent de faire pression auprès du gouvernement égyptien pour qu’une délégation européenne puisse entrer à Gaza, entre le 3 et le 6 janvier, jours où l’Egypte ouvrira la frontière pour les Palestiniens, les Egyptiens et le traffic général.

Une demande globale est également adressée pour que puisse s’organiser, à l’avenir, le passage de diverses délégations vers la bande de Gaza, et ce de manière régulière.
Une implication politique plus forte de l’Union Européenne dans le règlement du conflit et le respect du droit international est également abordée et exigée.

La représentante promet que les revendications seront relayées auprès des pays membres de l’Union Européenne et, plus particulièrement, de l’Espagne qui en assure, à présent, la présidence.

Jeudi 31 décembre : Nouvel An improvisé et bonne année …

Santé, bonheur et joie dans vos cœurs …

Et que nous poursuivions, ensemble, la pression à l’encontre de la politique actuelle de l’état d’Israël, mais également envers nos dirigeants et l’ensemble de la communauté internationale pour qu’une paix juste et durable puisse s’installer au Proche-Orient.

Jeudi 31 décembre, Euro Palestine maintient la pression

Le sit-in devant l’ambassade de France se poursuit. Les manifestants ne quitteront la zone où ils sont confinés qu’au moment de prendre l’avion du retour.

Jeudi 31 décembre, à Gaza et à Erez

L'info tombe : les 85 personnes « autorisées » entrent dans la bande de Gaza.

D'autre part, la marche parallèle qui s'organisait jusqu'à Erez, en Israël, par le camp de la paix israélien a réuni entre 500 et 1000 personnes.

The International Solidarity Movement fait part du témoignage de Mouad Khatib, 24 ans, traducteur à Haifa.

"Nous voulons lever le siège de Gaza", mais nos autres demandes, qui sont tout aussi essentielles – je ne les qualifierais pas de secondaires – sont de demander au gouvernement égyptien et au président Hosni Mubarak de ne pas participer au siège, » dit-il.

« Nous disons aussi au peuple palestinien à Gaza : nous formons un seul peuple et nous sommes avec vous. Nous leur demandons de ne pas cesser de défendre leur terre, » a-t-il ajouté.

A la question s’il pensait que les manifestations auraient un effet significatif sur la politique israélienne ou égyptienne, il a dit : « Je ne pense pas – ils n’écoutent pas leur propre population. Mais au moins, en nous-mêmes, en conscience, nous saurons que nous ne sommes pas restés là, à regarder. »

Jeudi 31 décembre, dès 10h : Manifestation près du Musée du Caire

La police bloque les hôtels.
L’info vient de tomber, on se disperse, on sème la flicaille au pas de course, on change d’hôtel, on s’en va rejoindre la manif …

Afin de dénoncer le blocage de la marche, le siège et le blocus de la bande de Gaza, une marche au Caire était prévue.

L’idée était de partir du Musée d’archéologie et de marcher ensemble, le plus loin possible. En à peine quelques centaines de mètres, le convoi de +- 300 personnes est encerclé par un cordon de police.

Début violent : les CRS divisent et fractionnent les manifestants afin de les comprimer sur le trottoir et de les obliger à quitter la rue, pour ne pas entraver la circulation. Les coups volent, les personnes aux premières lignes sont empoignées, frappées, poussées, jetées. Certains policiers en civil s’en donnent à cœur joie. Les femmes arabes en sont les premières victimes. Des appareils photos et caméras sont également arrachés. La manifestation se poursuivra dans le calme.

La police ferme la station de métro toute proche et interdit aux égyptiens de trainer aux alentours. Coups de klaxons, …

Drapeaux, slogans, accordéons, danses et chants.
"Freedom for the palestinian people", "Free Gaza", "Resistance", "Boycott
Israël", ...
Un meeting s’improvise. Plusieurs représentants de différentes délégations vont se succéder et se passer la parole: Suisse, Canada, Italie, Afrique du Sud, Barhein, Inde, Ecosse, France, … Les discours expriment nos revendications et notre détermination à poursuivre la résistance de manière commune. Les messages de paix sont partagés. Madame Epstein et Monseigneur Gaillot font partie des manifestants.

Après en avoir interdit toute sortie pendant plusieurs heures, il est autorisé de quitter la manifestation … Vers 14h30, nous décidons de sortir nous désaltérer. Nous serons alors pistés par un policier en civil, peu discret, qui finira par s’installer à notre table et qui devra, le pauvre, patienter le temps que son supérieur lui accorde le droit de rejoindre sa famille …




Mercredi 30 décembre, Place Al Hussein, manifestation à la bougie

A 18h, en pleine zone touristique, nous nous rassemblons en silence, bougies à la main, de manière symbolique.

Témoignage d'une survivante de la Shoa

HEDY EPSTEIN'S STATEMENT
Here's Hedy's statement which she read standing on a chair in front of the two buses waiting to leave for Gaza:

As much as I yearn to go to Gaza, I have decided not to join those 100 of you who are going. Here are my reasons for the most difficult and heart rending decision I have made in my life:

The goal of this march is to break the siege of Gaza. Fourteen hundred people died in Gaza last year at this time. Fourteen hundred people should be marching to Gaza NOW. In the last two days we have witnessed the effects of an authoritarian government. This repression transcends the Egyptian Government.

The US Government and the Israeli Government are responsible for the siege of Gaza.
I will not be complicit. I wil not be complicit.
My work to free the one and a half million of Gaza's people continues.
- Hedy en grève de la faim depuis lundi.

Mercredi 30 décembre : 2 bus vers Gaza

Le gouvernement égyptien joue avec nos pieds. Après avoir refusé l’accès aux marcheurs à Gaza, après avoir interdit tout déplacement des délégations en bus vers Rafah, après avoir multiplié les checks-points, après avoir organisé des filatures, des contrôles, des interrogatoires, voilà que Madame Mubarak, sous la pression de l’ambassade américaine, offre 2 bus avec 100 places pour Gaza.

Réunions, débat et consensus : la grande majorité des marcheurs est d’accord : nous irons à 1400 ou nous n’irons pas. L’objectif de tous les marcheurs internationaux était de dénoncer, en nombre, un siège illégal à côté de nos partenaires palestiniens. Nous ne voulons pas nous laisser diviser ni corrompre.

Les 2 bus autorisés à passer seront, quant à eux, composés à 85% d’Américains, qui ne représentent politiquement pas l'ensemble de la « Freedom Gaza March ».

En soirée, PINGO, la plateforme des ONG palestiniennes, annonce qu’elle ne participera pas non plus à la marche, en raison du risque d'être récupérée par le Hamas.